La vie s'en va. Quand on entend la respiration devenir plus courte, ceux qui veillent le moribond, ceux qui l'aiment le mieux, se rapprochent de lui et commencent à accomplir à son égard le devoir religieux de lui plier les membres. Ils ramènent ses genoux et ses coudes contre sa poitrine, repliant les jambes et les avant-bras pour qu'il occupe le moins de place possible. Cette coutume se rencontre chez bien des peuples primitifs. Elle à sans doute pour but de remettre l'homme qui meurt dans la position que l'enfant occupait avant la naissance. Si, dans les affres de l'agonie, le mourant a étendu ses membres et qu'ils se soient ainsi roidis, on attend qu'il ait poussé le dernier soupir et alors on les brise, les ramenant tout près du corps avec le moins de violence possible.
Henri-A. Junod, Les Ba-Ronga