Mais ce qu'il y a de plus beau dans mon terrier, c'est son silence, certes il est trompeur, il peut être soudainement interrompu, et alors c'est la fin de tout, mais pour l'instant il règne encore, je peux déambuler des heures durant dans mes galeries sans rien entendre d'autre que, parfois, le frottement d'une quelconque petite bestiole, que je calme aussitôt entre mes dents, ou un ruissellement de terre qui me signale la nécessité de quelque réparation, sinon tout est silencieux. L'air de la forêt pénètre doucement, il est tout à la fois chaud et frais, parfois je m'étire et me tourne et retourne dans la galerie, tellement je suis bien.
Franz Kafka, Le terrier (tr. Jean-Pierre Lefebvre)