La chose se constitue dans l'écoulement de ses apparitions, qui sont elles-mêmes constituées comme unités immanentes dans le flux des impressions originaires, et l'un se constitue nécessairement conjointement avec l'autre. La chose qui apparaît se constitue parce que, dans le flux originaire, se constituent des unités de sensation et des appréhensions unes, et donc sans cesse une conscience de quelque chose, une ostension, une présentation de plus en plus proche de quelque chose, et, dans la succession continue, une présentation de la même chose. Les éléments fluents de la présentation ont un flux et un enchaînement tels, que ce qui apparaît en eux s'étale dans des multiplicités de dégradés de présentation, exactement selon la même forme qui fait qu'un contenu de sensation s'étale en dégradés de sensation.
Edmund Husserl, Leçon pour une phénoménologie de la conscience intime du temps (tr. Henri Dussort)